Constater la permanence des horreurs
Sommes-nous vraiment le pays des Droits de l'Homme et de la Paix ?
Aux combattants et aux victimes de toutes les guerres
Cimetière de Fleury-devant-Douaumont (à côté de Verdun)
Préambule
Depuis la nuit des temps, les hommes se sont affrontés dans des guerres fratricides et des conflits meurtriers.
Est-ce une fatalité ? Nous aimerions ne pas le croire…
Il serait réconfortant de penser qu'avec l'éveil progressif des consciences un progrès humain est possible, et que l'heure est venue d'espérer. Si les luttes qui ont provoqué tant de deuils et entraîné tant de malheurs devaient contribuer à l'établissement d'une paix totale et durable, alors les victimes de toutes les guerres ne seraient pas mortes pour rien ou n'auraient pas souffert en vain.
C'est le souhait que nous formulons, à l'aube du 21ème siècle, en rappelant, par quelques jalons de l'Histoire, les sacrifices et les souffrances de tous ceux qui ont combattu pour que naisse un monde meilleur.
Ecoutons, pour commencer, ces vers de Victor HUGO extraits de son recueil "Les Chants du Crépuscule", où le poète célèbre la gloire éternelle de nos morts en la comparant à une aube sans cesse recommencée qui donne un nouvel éclat au souvenir des héros disparus au combat :
"Ainsi, quand de tels morts sont couchés dans la tombe,
En vain l'oubli, nuit sombre où va tout ce qui tombe,
Passe sur leur sépulcre, où nous nous inclinons ;
Chaque jour pour eux seuls se levant plus fidèle,
La gloire, aube toujours nouvelle,
Fait luire leur mémoire et redore leurs noms."
Poème
Le feu d'un incendie rougeoyait dans Moscou.
Un fantassin blessé, blotti contre le cou
D'un cheval mort gisait dans le froid, hors d'haleine.
De grognards à laisser leur vie
Sur le sol inhospitalier
De l'impressionnante Russie.
Ruisselantes de fange, s'enlisaient les poilus
Aux portes d'un enfer où vainqueurs et vaincus
Alimentaient en chœur la sinistre hécatombe.
Et que crépitait la mitraille,
Vaillamment ils tombaient au front,
Emportés par l'âpre bataille.
Des avions allemands, toujours tenait debout.
Pour passer les nazis durent, à l'autre bout,
Affronter des soldats français venus d'Afrique.
Des combattants de couleur noire,
Les tirailleurs sénégalais,
Périrent dans le val de Loire.
Lorsque, dans la rizière, un coup de feu claqua.
Touché en plein poitrail, l'éclaireur s'écroula.
Il venait juste de quitter l'adolescence…
Dans la jungle, sur les collines,
Loin des roulements de tambour,
Ceux de la guerre d'Indochine.
Et bientôt affluèrent caporaux et sergents,
Lieutenants, capitaines, soldats du contingent,
En cette Algérie où le combat faisait rage.
Moururent, victimes du devoir,
Près de la Méditerranée.
Tout comme eux revêtus d'uniformes kaki,
Des hommes de là-bas, les valeureux harkis
Dont le sort aujourd'hui ferait verser des larmes.
A prouver sa reconnaissance
Aux survivants, aux disparus
Qui se battirent pour la France.
Qui avons conservé nos foyers, nos maisons
Et notre liberté, quelques instants songeons
Aux combattants et aux victimes qui luttèrent
Au sein de notre pauvre monde,
C'est un unanime souhait,
La guerre, cette bête immonde…
Jean-Michel AUXIÈTRE
Les poilus de Verdun
Trois poilus de la guerre de 14/18 en pleine discussion
Préambule
En 2014 a débuté le cycle de commémorations nationales et internationales du centenaire de la Première Guerre Mondiale.
Elles s'étaleront jusqu'en 2018, année où sera célébrée la fin de ce terrible conflit. Notre travail s'inscrit tout naturellement dans le cadre de ce devoir de mémoire. Il ne pouvait manquer de rendre hommage à ceux qui combattirent au sein de cet enfer et, le plus souvent, y laissèrent leur vie.
Il semble en effet plus que jamais nécessaire de prendre conscience de l'absurdité des guerres, des souffrances qu'endurent les soldats et des horreurs dont ils sont à la fois les témoins et les victimes.
Aussi est-il essentiel que les jeunes générations soient instruites de ces épisodes douloureux, afin qu'elles deviennent porteuses d'un message de paix et d'espoir.
En évoquant l'insoutenable dureté des guerres - dans le cas présent, celle de 14-18 - les élèves du Lycée professionnel de Saint-Vaury, qui prêtent leurs voix aux textes, espèrent contribuer, de façon efficace et durable, à l'élaboration d'un monde meilleur où tous les peuples trouveraient leur place, dans la perspective d'un avenir commun.
Poème
Des éclairs embrasés sillonnent le ciel gris.
Soudain, les deux poilus s'effondrent dans un cri,
Criblés d'éclats d'obus, couverts de plaies profondes.
En hurlant à la mort, le ventre transpercé.
De longs filets de sang s'écoulent à leurs pieds
Et viennent se mêler aux miasmes de la flaque.
L'eau putride et boueuse rougit encore un peu,
Puis les deux corps sans vie basculent au milieu
Du trou qui, lentement, absorbe toute trace.
Harangue les soldats près de lui réunis.
"En avant ! A l'assaut des lignes ennemies !"
Hurle-t-il en lampant un dernier coup de gnôle.
Les uns après les autres, les hommes sont fauchés,
Se tordant de douleur sur le sol arraché
Par l'enfer meurtrier qui ébranle la terre.
On peut s'y promener. Les armes se sont tues.
Il est bon que l'on songe aux milliers de poilus
Qui tombèrent ici et que l'on s'en étonne.
Où des soldats perdus se battaient et mouraient
S'est mué aujourd'hui en Symbole de Paix,
Transformation heureuse qui honore la France.
Les ennemis d'hier sont devenus amis.
Sur les champs de bataille, tous ceux qui ont péri
Ont laissé des empreintes pour notre mémoire.
Jean-Michel AUXIÈTRE
Les flammes des bourreaux
Carcasse de voiture à Oradour-sur-Glane
Préambule
En éditant le livre "Les Huns à Oradour-sur-Glane" d'où sont tirés les extraits qui vont suivre, le "Mouvement de Libération Nationale" a voulu (…) mettre à même les générations présentes et futures de mesurer jusqu'où peut mener la folie démoniaque d'un chef d'Etat suivi par un peuple fanatisé (…).
"En cette période tragique du 10 juin 1944, les S.S. ont noué dans l'orgie le spectre d'Oradour. Durant trois jours, ce village a dû être lavé au chlorure de chaux et lessivé au crésyl.
De fait l'odeur répugnante, l'air suffocant, tout ce qui a pu se dégager des cadavres carbonisés, (…) de ces chairs brûlées, de la pourriture des bêtes (…) dont les crânes et les os ont éclaté sous la chaleur (…), cette odeur de brûlé et de cendre humide monte du sol vers le ciel, effluves de l'horreur, honte tragique de l'ineffaçable.
L'église (…) demeurée autrefois inviolable (…) n'est plus qu'une humble ruine, sous sa voûte crevée et son toit écroulé. Le plafond de maçonnerie et les murs noircis par les flammes portent en larges sillons des traînées de suie (…).
Entre les piliers écornés par les larges éraflures des balles, parmi les autels profanés et les statues mutilées : la cendre humaine…"
Musique composée par les collégiens de Françoise-Dolto
Poème
2/ Près du chœur, dans la nef, une explosion terrible
Et soudain s’élevèrent des plaintes déchirantes,
3/ Déjà, les hommes avaient été réduits en cendres.
5/ Bientôt l’on ne vit plus que des ruines fumantes
6/ Une population paisible et laborieuse
7/ Les quelques habitants, à peine une trentaine,
8/ Emmuré dans ses deuils, figé dans ses souffrances,
Jean-Michel AUXIÈTRE